PARLER

 

 

 

L’homme est le seul animal doué de la parole. Cette simple phrase ouvre des abîmes de perspectives et de questions plus difficiles les unes que les autres. Beaucoup d’animaux communiquent entre eux et se transmettent de façons diverses un certain nombre d’informations. Les abeilles qui ont trouvé un butin se livrent à leur retour à une espèce de danse et tracent en volant des cercles, des huit, des figures convenues qui indiquent à la ruche la position de leur découverte par rapport au soleil, sa distance et son importance. Les dauphins, les loups, les oies sauvages, les fourmis, une foule d’autres animaux se passent des ordres et des renseignements. Le perroquet ou le mainate répètent des mots attrapés au vol. Ils ne parlent pas. Seul l’homme est capable de parler.

Il parle parce qu’il pense. Ou peut-être pense-t-il parce qu’il parle.

Il ne s’agit pas ici d’un de ces jeux de mots inversés, chers aux khâgneux ou aux normaliens. L’homme pense. Il parle pour exprimer sa pensée. Mais sa pensée prend appui à tel point sur les mots qu’on peut légitimement se demander si la pensée ne doit pas autant au langage que le langage à la pensée. Essayez donc voir de penser sans aucune référence à aucun mot d’aucune sorte : vous m’en direz des nouvelles. La pensée n’a pas besoin de s’exprimer en toutes lettres comme ces gens âgés qui s’expliquent tout ce qu’ils font : « Je range ma brosse à dents, je plie mon mouchoir de poche, je cherche ma clé, je sors... » Mais le déroulement d’un langage enfoncé en silence sous la pensée accompagne chaque étape de toute démarche intellectuelle.

À peine aborde-t-on avec timidité le langage qu’on se heurte à une masse de problèmes presque aussi fondamentaux et presque aussi épineux que ceux que pose le temps.

Presque. Pas tout à fait. La différence est que le temps, qui ne dépend pas de nous, est si mystérieusement protégé qu’il n’y a pas de savants du temps. Tout le monde en sait autant sur le temps – c’est-à-dire à peu près rien – que les plus savants. Le langage, au contraire, est une création de l’homme et il y a des savants du langage. On les appelle linguistes. La linguistique est une science qui n’est pas loin d’avoir pris aujourd’hui la place laissée vacante par la métaphysique.

Avec un vocabulaire souvent un peu ardu et des concepts aussi subtils que celui de la double articulation du langage entre la phonologie et la grammaire, la linguistique envahit peu à peu tous les domaines de l’histoire, de la sociologie, de l’ethnologie, de la psychologie, de la neurologie et même de la mathématique ou de la géographie. C’est pourquoi ce chapitre d’un roman sur le tout s’appelle « Parler » et non « Langage ».

 

Les hommes parlent. Ils n’ont pas parlé de tout temps. Un jour – ou un millénaire –, avec peine, avec fureur, avec gaieté peut-être, poussés par le besoin ou par l’amour, ils se sont mis à parler. C’était encore un début. Mais ils ne s’en doutaient pas. Une formidable aventure commençait. Elle allait submerger le monde. Je ne sais pas, car je ne sais rien, quand les hommes ont commencé à parler. Je ne sais même pas si le langage apparaît en plusieurs points de la Terre ou si un seul foyer suffit à embraser la planète. Très vite, j’imagine, les langues se différencient. Et Babel s’édifie. Il y a sur notre Terre des milliers de langues différentes. Il y a des langues qui apparaissent : les plus jeunes les inventent, les plus vieux ne les comprennent pas. Il y a des langues qui disparaissent. Les langues vivent, elles meurent. Sur quelque six mille langues, ou un peu plus, aujourd’hui en état de marche, environ trois mille sont en train de mourir, ou du moins en danger. On raconte que Georges Dumézil était le seul, avec quelques survivants, à parler encore l’une ou l’autre des langues en voie de disparition. Quelques-uns se souviennent même de son chagrin à l’idée de rester le seul à pouvoir encore échanger des mots guettés par le naufrage avec l’unique autre locuteur d’une langue déjà moribonde.

Tout le monde sait que les langues se divisent en grands groupes. La famille indo-européenne a donné naissance au latin, au grec, à toutes les langues de l’Europe, ou à presque toutes. Nous savons tous que le sanscrit ou l’ossète ou même le grec ancien sont menacés de mort. On comprend le désespoir de linguistes qui veulent sauver le grec comme on sauve un temple en ruine ou La Cène de Vinci en train de s’effacer sur un des murs du réfectoire du couvent de Santa Maria delle Grazie, à Milan, ou encore les fresques de Masaccio à Santa Maria del Carmine, à Florence. Les langues meurent comme les hommes et comme leurs œuvres les plus immortelles.

Le langage appartient tout entier au monde des corps – à la bouche, à la langue, à la gorge, au palais, aux cordes vocales.

Et tout entier à la pensée. Il se situe sur cette frontière idéale entre le corps et l’esprit qui a tant occupé les philosophes.

Quelques centaines de milliers d’années à peine après les premiers grognements autour d’un feu maîtrisé, c’est-à-dire à une allure incroyablement rapide en comparaison des milliards d’années qui précèdent tout langage, il donne naissance à l’écriture. L’écriture est du langage conservé dans l’espace sous forme de signes au lieu de rester dispersé dans le temps sous forme de sons.

 

Parler. Écrire. Parler est une révolution. Écrire en est une autre. L’écriture, qui, comme l’agriculture quelque dix ou quinze mille ans plus tôt, naît quelque part entre la Méditerranée orientale et le golfe Persique, du côté du Tigre et de l’Euphrate, il y a un peu plus de cinq mille ans, sert d’abord au commerce et à la religion. On note des mesures, des quantités, des sommes qu’il serait trop compliqué de garder en mémoire, et on chante les dieux ou les rois qui ont tendance à se confondre. Les signes sont gravés dans de l’argile ou sur la pierre. À la façon des idéogrammes des Chinois, l’écriture cunéiforme des Sumériens ou des Assyro-Babyloniens, ou les hiéroglyphes égyptiens traduisent d’abord des mots. Chaque individu, chaque objet, chaque nombre, chaque idée a son signe. C’est le mode d’écriture le plus simple et le plus évident. Le système se complique quand ce sont des syllabes, des unités phonétiques, qui se mettent, peu à peu, à être désignées par des signes. Il devient d’une complexité et d’une abstraction incroyables avec le système qui nous est le plus familier : l’alphabet.

À la différence des hiéroglyphes ou des idéogrammes, chaque signe de l’alphabet n’a aucun sens en lui-même. C’est la seule combinaison des lettres de l’alphabet qui permet à chaque mot écrit d’atteindre à une signification. L’alphabet, qui naît, comme chacun sait, chez les Phéniciens, qui l’inventent sans doute, qui le propagent en tout cas un peu plus de mille ans avant le Christ, constitue un système d’une telle abstraction qu’on s’étonne de voir les enfants de six ans le manier aujourd’hui avec tant de facilité. S’ils sont capables d’apprendre l’alphabet, sans même parler des chiffres et du maniement du zéro, c’est qu’ils sont capables d’apprendre n’importe quoi.

On remarquera que c’est le système le plus abstrait, et apparemment le plus difficile, qui se révèle à l’usage le plus souple et le plus aisé. La pratique, au premier abord si simple, des idéogrammes chinois se heurte très vite à une limite que le système alphabétique, comme le système numérique décimal, ne connaît pas : le nombre indéfini des signes. L’avantage des caractères chinois, c’est qu’ils seraient capables de mener sans peine, en théorie, à une écriture universelle : chaque peuple pourrait prononcer les signes dans sa propre langue et tous les peuples pourraient lire la même écriture. Mais la rigidité du système et l’écueil du nombre immense des signes, dont la connaissance exhaustive ne peut être que réservée à une élite de mandarins, font pencher la balance en faveur de l’alphabet qui, comme le système décimal, n’a besoin que d’un registre très restreint de signes pour exprimer une infinité d’objets et d’idées – ou de nombres.

Parler. Écrire. Le langage est une invention de génie – et pourtant étroitement limitée à un secteur insignifiant du tout.

À l’échelle des grands espaces et de la longue durée que nous avons vus défiler, l’apparition du langage sur la minuscule planète Terre est à peine un incident. Une éruption passagère. Un frémissement de la pensée qui, réservée elle aussi à la seule Terre, défie et transforme l’univers. Cet incident suffit à bouleverser le tout plus qu’aucun événement pendant des milliers de millénaires. On voit ce qui semble s’être passé tout au long de milliards d’années, aucun fragment de l’univers ne paraît privilégié. Et puis, soudain, déjà dans une certaine mesure avec l’apparition de la vie, mais bien plus encore avec l’apparition de l’homme et de sa pensée traduite par le langage et l’écriture, la Terre, l’unique Terre, ridiculement petite, difficile à dénicher dans l’immensité de l’univers, semble l’emporter, à elle seule, sur le reste de la Création et, pour ainsi dire, aspire à elle pour le comprendre et l’expliquer tout le tout tout entier.

On conçoit que les hommes, grisés par leur pensée, se soient imaginé que la Terre était le centre de l’univers. Nous savons aujourd’hui qu’elle navigue dans une banlieue lointaine et obscure du tout. La conviction que la pensée de l’homme est capable de s’approprier la totalité de l’univers et de régner sur lui ne nous a pourtant pas quittés. Illusion ? Peut-être. Mais que la pensée et sa petite famille, le langage, l’écriture, et tout ce qui en découlera dans les siècles à venir, suffisent à justifier.

 

Le langage a envahi la Terre. On dirait qu’une seconde atmosphère double la première d’une pellicule invisible et enveloppe notre planète : toutes les paroles qui ont été proférées en quelques centaines de milliers d’années, toutes les idées qui ont été émises et qui flottent autour de nous. Elles ne nous hantent pas seulement en un sens mythique ou mystique. Elles acquièrent une réalité : les milliards de mots conservés dans l’argile, sur le marbre, sur les papyrus, sur le cuir, sur le papier, sur des disques, dans les ordinateurs. Ils font de nous ce que nous sommes et ils nous écrasent.

Cinq mille ans d’écriture. Presque rien. Moins que rien au regard de ce que nous savons de l’histoire du tout. D’autant moins que le livre prend son essor avec l’imprimerie il y a à peine cinq cents ans. Mais cinq siècles lui suffisent pour investir le monde. Et pour le transformer. Le christianisme et l’islam ne seraient pas ce qu’ils sont sans la Bible et le Coran. Tout un pan de l’histoire n’aurait jamais vu le jour sans le Discours de la méthode ou Le Capital de Karl Marx. Les sciences et les techniques ne se seraient jamais développées sans l’écriture et le livre qui les transmettent et les constituent. Les hommes seraient autre chose que les hommes sans Eschyle et Platon, sans Dante, sans Spinoza.

La parole submerge le monde. Sortie de son silence, la Terre est une parole infinie. Sous forme de langage. Sous forme d’écriture. Sous forme d’images sur les murs ou sur les écrans de cinéma, de la télévision ou des ordinateurs. La vie se parle. La mort se parle. La santé, le pouvoir, l’amour, l’argent, le commerce et l’industrie, la guerre, les loisirs, la religion se parlent. À travers le langage et l’écriture, le tout est devenu une sorte d’immense parlerie qui ne s’arrête jamais.

La littérature a été le symbole et le triomphe de cet envahissement du tout par la pensée et le langage. Elle a claqué comme un drapeau. Elle a tourné la tête des jeunes gens. Elle a nourri toutes les révoltes et tous les conformismes. Elle a charrié pêle-mêle petitesses et grandeur, des torrents de stupidités et les voiles noires du génie. Elle s’est confondue tour à tour avec toutes les passions et toutes les espérances. Elle a entraîné le monde derrière elle. Elle est entraînée à son tour dans le flot sans cesse grossissant des paroles peu à peu dégradées et tombées au rang de messages. Elle a été, pendant quelques siècles, la voix même de la pensée et de l’homme. On ne l’entend plus guère dans le vacarme toujours croissant de l’écrit et de l’image. Les livres sont devenus trop nombreux pour prétendre encore au rôle qu’ils ont longtemps joué.

Les hommes ont toujours aimé qu’on leur raconte des histoires. On leur a raconté la guerre de Troie dans l’Iliade et les voyages d’Ulysse dans l’Odyssée, et l’origine du monde dans la Bible, et les chasses de Nemrod, et la quête de Gilgamesh, et les combats sans fin du Mahâbhârata et de la BhagavadGîtâ et les préceptes des Vedânta, et les exploits de Siegfried dans le Nibelungenlied. Aussi loin que nous puissions remonter dans leur histoire obscure, ils racontent les aventures des déesses et des dieux avant de raconter celles des hommes.

Plus tôt encore, devant le feu ou au cours des longs voyages qui leur faisaient traverser, pour des motifs inconnus – la faim, peut-être, ou le froid, ou la chaleur, ou des rivalités entre les chefs, ou la curiosité ? –, les continents et les mers, des récits enchantés berçaient leurs rêves et leurs souffrances.

Après tant de siècles et de millénaires de paroles, ils ne cesseront jamais de raconter des histoires. Mais il commence à devenir douteux qu’ils s’obstinent très longtemps à rédiger des livres.

Ils parleront, bien sûr. Avec des images. Avec des chiffres.

Sur des cassettes. Sur des écrans. Un jour ou l’autre, ils changeront de support pour fixer leurs idées et les mots pour les dire. Alors, les livres deviendront quelque chose d’étrange et de mort comme des objets de musée.

Avant de périr étouffés sous leur propre poids de plus en plus écrasant et de plus en plus inutile, les livres auront été la vie même. Ils auront recueilli des paroles choisies entre toutes pour leur sens et leur son, pour leur force, pour leur beauté.

Ils auront constitué le savoir, ils auront assuré le pouvoir sur ce monde, ils auront transporté, par le seul chant de leurs mots lus avec ravissement et répétés en silence par les lèvres des jeunes gens, des millions et des millions, des milliards de lecteurs. Les livres auront donné, pendant quelques millénaires, l’image de la dignité et de la puissance de l’homme.

Et, plus peut-être que rien au monde, à l’exception de l’amour, plus que l’argent, plus que le pouvoir, plus que les paysages les plus magnifiques et les plaisirs les plus rares, ils auront fait son bonheur.

Les sciences, les techniques, le droit, la médecine, l’art de la guerre et des sièges, ou celui des jardins, l’architecture, la peinture, la sculpture, la religion, la poésie, l’amour de la vie et de la beauté auront été portés à bout de bras par les livres.

Homère et Virgile, les tragiques grecs, Lucrèce ou Sénèque, Horace, Properce, Tibulle, Martial, saint Augustin ou saint Thomas d’Aquin, Dante, Rabelais, Shakespeare et Cervantès qui meurent l’un et l’autre le 23 avril 1616 dans deux calendriers différents, l’un le mardi 23 avril 1616 dans l’ancien calendrier julien, l’autre le samedi 23 avril 1616 dans le nouveau calendrier grégorien, Ronsard et la Pléiade, Montaigne, Pascal, Descartes, Corneille et Racine et Boileau et La Fontaine et Molière et La Bruyère et La Rochefoucauld et Bossuet et Fénelon et Voltaire et Rousseau et Goethe et Byron et Chateaubriand, et tous ceux qui descendent de lui et lui doivent presque tout, et Stendhal et Flaubert et Proust et Aragon forgent, plus et mieux que personne, l’image à jamais immortelle et la statue fragile de la seule créature qui ait jamais pensé le tout.

 

Ibant obseuri sola sub nocte per umbram.

 

ou

 

Life is a tale told by an idiot, full of sound and fury, signifying nothing.

 

ou

 

Je t’aimais inconstant, qu’aurais-je fait fidèle ?

 

ou

 

Vaghe stelle dell’Orsa, io non credea...

 

ou

 

Unsterbliche heben verlorene Kinder Mit feurigen Armen zum Himmel empor.

 

ou

 

Soy de la raza mora, vieia amiga del soi, Tengo el alma de nardo del Arabe espagol

 

Ces paroles de feu sont un trésor pour toujours. La parole, fille des hommes, a engendré les hommes.

Presque rien sur presque tout
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